Une chanson douce ...
« Le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes. »
J’ai eu la chance d'entendre des bribes d’interview de Leïla Slimani dans La Bande Originale de Naguy sur France Inter. Cette femme qui souhaitait reprendre le travail d’écriture après la naissance de son premier enfant. Son entourage lui imaginait une vie paisible à domicile comme elle écrivait. Elle, avait besoin d’une nourrice pour veiller sur son chérubin. Une nounou comme on en rêve toutes, celle qui prendra soin de nos amours sans prendre notre place.
Elle en a fait un livre. S’inspirant de faits réels.
Chanson douce, une ode à l’enfance et à son insouciance, sans filtre, sans les préjugés que nous fabrique la vie. Une approche du travail des petites gens qui œuvrent dans l’ombre pour le bien-être de leurs patrons. Une vie que l’on vit à mille à l’heure pour pouvoir offrir plus à ses enfants dès que l’on en prendra le temps.
Je pensais plonger dans un livre doux, je me suis retrouvée emporter dans un tourbillon de quotidien, de tristesse et de joie à la fois, de confort. Myriam, une maman incapable de rester plus longtemps à veiller sur les couffins de sa progéniture et qui souhaite retrouver le chemin des tribunaux pour lesquels elle excellait à l’époque des études. Paul, un papa présent mais empli de rêves professionnels qui comprend sa femme. Deux enfants si mignons que l’on s’y attache comme à ceux des amis qui passent leurs vacances à la maison. Louise, une nounou qui sait se rendre indispensable aux yeux de tous, de Mila et Adam aux parents, en passant par leurs amis.
On a tellement l’impression de connaître Mila et Adam que l’histoire qui se dessine au fil des lignes nous entraîne et semble irréelle. On voudrait plonger dans les pages et glisser un petit mot à Myriam. Lui dire de suivre son instinct. Que ce n’est pas possible. Regarder les autres, les considérer, ne pas détourner le regard sur ce qui fait désordre dans notre petit paysage quotidien. Comprendre que chaque être humain est aussi important que l’autre, que nous sommes interdépendants mais pas soumis.
Ce roman est plus qu’un livre, il était mon premier Goncourt, celui que je pensais léger à la lecture abordable. Leïla Slimani a cette fluidité dans l’écriture, celle qui permet d’enchaîner les mots et les pages si facilement que j’ai pu lire Chanson douce en une après-midi. Mais il restera à jamais graver dans ma mémoire de maman qui confie chaque jour ses enfants et ne veut pas oublier sa vie de femme.
Etre maman c’est essayer de faire les meilleurs choix pour ses enfants et son épanouissement personnel. Etre maman c’est se tromper de temps en temps et pouvoir se rattraper de temps à autres.
Etre maman c’est faire de son mieux, c’est surtout être humaine.